« Le rock français, c’est comme le vin anglais », persiflait John Lennon.
Le plus rêveur des petits scarabées de la pop serait encore de ce monde, on lui prescrirait une mise au vert en Bretagne. Là où, sous les harangues fibreuses du label Howlin’ Banana, quantité de jeunes gens mal peignés (autant de fuzz, forcément, ça décoiffe), redonnent ses lettres d’ivresse au genre.
Formé à Rennes en 2013, Kaviar Special regroupe les plus farouches. Quatre garçons se fichant d’être dans le vent qui, à l’instar de leurs modèles John « Oh Sees » Dwyer et Ty Segall, réécrivent la genèse réverbérée de la musique électrique (surf, garage, psyché…) d’un grand geste régressif – qui court des nanars terreux des années 80 aux happenings masochistes de la génération Jackass. Bien que couchée sur deux albums salués par la nouvelle presse conductible (Gonzai, Noisey, The Drone…), en attendant le troisième début 2018, c’est évidemment sur scène que cette démarche imparable prend toute sa dimension. Fût-ce celle de rades périphériques, lors d’une tournée française fin 2016, ou celle d’événements de prestige : les Trans Musicales en 2015, Rock en Seine l’année suivante et le festival Inrocks Lab dans la foulée. Dans un cas comme dans l’autre, Kaviar Special avance à l’instinct, entre héroïsme et négligence. Mais toujours la bonne direction : celle où, quand la musique s’achève, le silence qui suit n’en est plus vraiment un.